Darling

Elle voulait qu’on l’appelle ” Darling “. Elle y tenait ! Pour oublier les coups reçus depuis l’enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent. Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les ” Darling ” du monde. Elle a rencontré Jean Teulé. Il l’a écoutée et lui a écrit ce roman.

« Je suis allé voir Darling et n’en suis pas revenu… Le rond de lumière d’une poursuite s’est mis à éclairer une comédienne immobile qui a commencé à parler d’une voix très basse. Elle a ainsi imposé un silence, choppé la salle par les couilles… Le public riait, retenait des sanglots dans la gorge. Quel duo sur scène, quelle adaptation, et quelle mise en scène ! » Jean Teulé.

Mise en scène : Laurent Le bras, Compagnie Nosferatu.
Scénographie : Sophie Toussaint

La vie de Darling est faite de choix qui l’ont bringuebalée, et malmenée ça et là. Elle nous livre son témoignage, ses morceaux de vie. Il fallait lui constituer à la fois un écrin qui l’entoure et le vide nécessaire pour entendre le poids de sa parole. L’adaptation qui en a été faite, reste très imagée. Darling se met à nu en nous dévoilant son histoire et de cette manière la transcende. Elle révèle parfois l’inacceptable, comment le transmettre ?

Le choix d’un espace abstrait, décalé, s’est imposé au regard de la force de la parole de Darling et l’importance des faits relatés. C’est un espace délimité et contrasté constitué de trajectoires nettes, de transparence, d’ombre, qui pourront évoquer la nationale, un pan de chambre. En front de scène, une table en formica et deux chaises suggèrent un espace plus figuratif. A cour, deux pans de tulle noir obliques se superposent et tracent une grande diagonale qui découpe l’espace. A jardin, un haut panneau translucide, apporte la lumière, l’élévation et referme l’écrin. Au sol, un tapis de danse brillant gris, miroir asymétrique, réfléchit les corps.

Comme pour un concert, la boîte noire du théâtre est à vue, tout comme ses murs, on aperçoit les câbles, les enceintes, on met en exergue les micros. La représentation proposée est pluriformes, récits, chansons, idéoprojections en font un spectacle où rien n’est attendu. La vidéoprojection dans cet espace est une fenêtre ouverte. A la manière des chansons qui entrecoupent le témoignage de Darling ; en contrepoint la vidéo ouvre l’espace vers « l’ailleurs » et reflète alors ses projections intimes.